Trois voire quatre générations de femmes passées au scalpel de l’écriture intense de Marie Ndiaye qui nous raconte leurs relations si particulières. Il y a d’abord Ladivine Sylla, la grand-mère modeste femme de ménage, « la servante », qui élève seule sa fille Malinka qui adulte quitte ce foyer et devient Clarisse en s’installant à Bordeaux, puis Langon car sa mère avait retrouvé sa trace. Là, elle va rencontrer Richard Rivière, vendeur de voitures et l’épouse. Elle vit désormais dans un relatif confort ne laissant rien dépasser de son existence. Elle continue à voir sa mère mais en lui cachant l’essentiel de sa vie… Sa fille, Ladivine Rivière, elle aussi devenue adulte part mais pour l’Allemagne où elle obtient un diplôme de professeur de langue française, elle y rencontre Marko et avec lui a deux enfants, Daniel et Annika. Entre temps des grands bouleversements auront profondément modifié les contours des vies de ces femmes. Avec une écriture qui insinue petit à petit une tension extrême où le lecteur est prisonnier, mais c’est un prisonnier volontaire qui souscrit sans retenue à cette si belle littérature. Et de situation désespérée en coup de théâtre nous sommes envoûtés par ce si beau roman où rode parfois la figure énigmatique d’un chien parfois protecteur ou… menaçant ???
Philippe Soussan.